Parcours.

Après quelques années dans l’industrie musicale à Paris, j’ai voulu changer de vie, me rapprocher de mes valeurs. J’ai cherché une nouvelle voie en entamant un voyage intérieur, puis extérieur, qui ma mené au Danemark.

Hiver 2013, j’atterris à Tolne Gjaestgivergaard, chez Gregory Hamilton Miller et Janne Hieck. Un couple de céramistes spécialisés dans la cuisson au bois et au sel. Leur univers m’a plu, et leur mode de vie ressemblait fortement à celui que j’imaginais pour moi.

Quelques mois plus tard, de retour en France je commence à mettre la main à la pâte. D’abord chez Aurélie Dorard qui me transmets son amour du moulage et des cuissons haute-température. Puis chez Frances Doherty (sculpture) et Christophe et Cécile Atkin (terre vernissée).

En juin 2015 j’obtiens un CAP de tourneur en céramique après une formation à l’Atelier Chemins de Terre (Montreuil), et quelques mois plus tard, je m’installe en Normandie.

Savoir-Faire.

La plus grande partie de mon travail commence sur le tour de potier. Après avoir tourné une pièce, je la laisse sécher jusqu’à une consistance qu’on appelle «cuir» : la terre est suffisamment ferme pour être manipulée, mais contient encore de l’humidité qui me permet de dessiner le pied et affiner la courbe : c’est le tournassage.

Quand la pièce est complètement sèche, elle subit une première cuisson dite de «dégourdi» : cette première cuisson monte à 950°, elle permet de solidifier les pièces, tout en les gardant poreuses.

Une fois dégourdies, les pièces sont émaillées, puis cuites une seconde fois à 1150° : c’est la température de « grésage » de la terre de Noron. La terre n’est alors plus poreuse, et l’émail se vitrifie. Après un léger ponçage, la pièce est prête à être utilisée.

Recherche.

Fascinée par l’émail, je fabrique mes propres couleurs à partir de matières premières non-transformées. Chaque émail est un mélange de différents minéraux et oxydes métalliques, dans une proportion finement étudiée. C’est un travail de recherche long et minutieux, qui me permet de developper ma propre palette.

Je recherche des couleurs à la fois douces, fortes, et imparfaites. La cuisson au gaz, en atmosphère réductrice, apporte du caractère et de l’aléatoire. Grâce au passage de la flamme le rendu n’est jamais le même, il y a beaucoup de variations d’une pièce à l’autre et souvent aussi sur une même pièce.

Quant à la forme, je cherche l’apparente simplicité, l’utilité, la beauté. Une harmonie aussi, en contraste avec ce grès brun chamotté, brut, à l’aspect métallique.

Démarche.

Suivant une démarche éco-responsable, j’essaye de travailler avec les ressources locales et de minimiser mon impact sur l’environnement. Le Grès de Noron est puisé à moins de 30km de mon atelier. C’est une belle terre, riche en fer, utilisée pour la confection des poteries traditionnelles normande. Elle porte en elle un patrimoine, qui m’inspire, et force l’humilité. Je récupère les eaux de pluie, ressource précieuse pour la confection des émaux, et compagnon indispensable pour transformer l’argile.

A travers toutes ces étapes, ce processus de recherche et de fabrication, je cherche à créer des objets du quotidien, qui puissent nous inspirer un mode de vie différent. Cette collection d’arts de la table est faite pour nous accompagner au quotidien, nous inviter à prendre le temps, profiter un peu plus de l’instant présent, et consommer différemment.